TERTULLIEN, DE BAPTISMO, V
Un texte énigmatique de Tertullien, plusieurs fois
discuté dans les
Recherches, a été
récemment l'objet de plusieurs communications à
l'Association des Études grecques. La dernière de ces
communications
paraissant faire une lumière définitive, nous croyons
intéressant de la
signaler, d'après les Actes de l'Association, Revue des Études grecques,
tome XXXVI,
p. LVIII-LIX.
(Séance du 7 juin 1923)... M. Isidore Lévy revient sur le tèxte de
Tertullien dont il
a été question dans les séances du 1er juin
et du
6 juillet 1922 : esietos vocant... quos aquae necaverunt. M.
Lévy écrit
esietas les premiers
interprètes ont pensé à des noyés : c'était juste :
ἐσίης ου ἀσίης
dans la
grécité d'Égypte, signifie « noyé». Ce mot a
une histoire très curieuse :
l'égyptien du cinquième siècle hasie signifie
« l'immortel bienheureux ». Les Égyptiens croyaient qu'un caractère
religieux
s'attachait à la mort par noyade : c'est un moyen direct
d'entreter au paradis
d'Osiris. Comment le mot a-t-il passé en grec? Il a
fallu pour cela que passât
des Égyptiens aux Grecs l'idée du salut par
la noyade. L'apothéose d'Antinoüs,
la divinisation par submersion,
ne s'explique pas par les idées grecques.
D'autre part l'immortalité
par là noyade se trouve dans l'Apocalypse de Josué, fils de Lévi,
document
rabbinique
alexandrin qui ne peut être postérieur au premier
siècle.
Pour les Grecs, le noyé est un misérable, victime
d'un βίαιος θάνατος
et ἄταφος A cela les Égyptiens opposent une idée
contraire. Le grec a
passé d'une notion à l'autre.
MM. Jouguet, Th. Reinach, Glotz, l'abbé d'Alès, Pernot présentent
des observations. Le président remercie M. Lévy de sa remarquable
communication, qui résout de façon définitive le problème proposé.
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