John Ibn Saba: The precious pearl

LA PERLE PRÉCIEUSE TRAITANT DES SCIENCES ECCLÉSIASTIQUES

Au nom du Dieu unique clans son essence, triple dans ses attributs, le Père et le Fils et le Saint-Esprit.

Nous commençons à transcrire ce que contient la table précédente, ainsi que le texte et son commentaire.

CHAPITRE PREMIER -- Sur l'unité de l'essence divine.

Je dis: Le Créateur (que sa mémoire soit exaltée!) est une essence unique; il n'y a pas d'autre Dieu que lui seul; il n'a pas de pareil dans sa divinité, ni de semblable dans son éternité, ni d'adversaire qui puisse lui résister; il n'est pas d'égal qui puisse lui tenir tète. Il est incorporel, il n'est pas composé d'éléments divers ni de parties, il est immuable, il n'occupe pas d'espace, il n'a pas d'accidents, il n'est ni circonscrit dans un lieu ni contenu par le temps; son ancienneté est sans commencement, sa durée sans fin. Il est caché dans son essence et manifeste dans ses œuvres. Il a créé le monde quand il a voulu, comme il a voulu et il l'anéantira quand il voudra, comme il voudra. Ce Dieu doué de tels attributs est une essence unique en trois personnes, Père et Fils et Saint-Esprit.

CHAPITRE II -- Sur la trinité des attributs éternels.

La personne du Père existe par elle-même, parle par le Fils et vit par le Saint-Esprit. Le Fils existe par le Père, parle par lui-même et vit par le Saint-Esprit. Le Saint-Esprit existe par le Père, parle par le Fils, vit par lui-même et se maintient dans l'unité de l'essence et la trinité des attributs. Ainsi l'a déclaré Notre-Seigneur le Christ dans son saint Evangile: Allez, enseignez toutes les nations et baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Cela, après avoir dit à celui qui l'interrogeait: «Dieu est un et tu l'aimeras de tout ton cœur et de toute ta force2.» Tel est le témoignage évangélique concernant l'unité de l'essence et la trinité des attributs.

Quant à l'essence du Tout-Puissant à laquelle s'ajoute la propriété de la paternité et qui s'appelle Père, elle a créé par son Verbe, qui est la personne du Fils, toutes les choses visibles et invisibles, comme l'ont dit les trois cent-dix-huit Pères réunis en concile dans la ville de Nicée, au milieu desquels résidait le Saint-Esprit.

CHAPITRE III -- De la création des anges, des astres, des étoiles et des quatre elements.                   

En ce qui concerne les êtres invisibles, comme les anges, Dieu les créa esprits, sans corps, pures intelligences, dépourvus des sens, selon leurs rangs, leur hiérarchie et leurs chœurs, pour le louer, exalter sa sainteté et le glorifier sans cesse.

Pour ce qui regarde les choses visibles, il créa d'abord les astres et les étoiles qu'il lança dans l'espace, selon leur mérite, pour le service et l'utilité de l'homme. Vinrent ensuite, dans une succession ininterrompue, les quatre éléments: en haut l'élément du feu, le premier de tous, puis, en descendant, l'élément de l'air, puis l'élément de l'eau et enfin l'élément de la terre. Moïse, le premier-né des Prophètes, a dit sur ce sujet: Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre, et la terre était inconsistante, informe et entièrement recouverte par la mer; et l'Esprit de Dieu étendait ses ailes sur les eaux. Dieu dit: Que la lumière soit! Et la lumière fut. Et Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres et il vit que la lumière était très bonne. Et il y eut un soir et il y eut un matin au premier jour, au second et au troisième.

Quand furent écoulés ces trois jours, correspondant au nombre des trois personnes éternelles, Dieu dit, le quatrième jour: «Qu'il y ait deux grands luminaires au firmament, le plus grand pour présider au jour, l'autre, plus petit, pour présider à la nuit.» En ce quatrième jour, Dieu ne créa pas autre chose, sinon un voile épais pour cette première lumière. Il fit habiter cette première lumière dans ce voile où elle entrait et d'où elle sortait pour briller sur la création. Si ce voile n'avait été placé comme un rideau entre le regard de l'homme et cette première lumière, personne n'aurait pu la regarder. Il y a là une première figure de l'union de la divinité avec l'humanité.

Après cela, Dieu continua son œuvre jusqu'au sixième jour qui fut celui de la création d'Adam, notre père. Il lui donna une âme comme aux anges et un corps animal comme aux bêtes; [il en fit un être] tout à la fois subtil et grossier. Et c'est là une deuxième figure de l'union de la divinité avec l'humanité.

CHAPITRE IV -- La création d'Adam, notre père.

Dieu créa et forma notre père Adam du limon de la terre et mit en lui l'esprit intelligent et doué de raison qui l'a fait appeler insân. Il lui dit: Mange de tous les arbres du Paradis, à l'exception d'un seul qui est l'arbre de la science du bien et du mal. Et il ajouta: «N'en mange pas, [sinon] tu mourras.»

Mais le Diable (Iblis), chef des milices célestes et de tous les anges, voyant monter vers lui toutes les louanges afin qu'il les offrît à son Créateur, s'imagina qu'il était quelque chose et que ces louanges s'adressaient à sa propre personne. Dans cette croyance, il cessa de les présenter à son Créateur et s'attribua la divinité. Mais sur-le-champ Dieu le Très-Haut le précipita du siège de sa splendeur pour le jeter au plus bas des abîmes; et son siège resta vide jusqu'au jour [où furent créés] les hommes.

Quand il vit que de ce siège ne partaient plus la louange et les bénédictions que lui-même rendait à Dieu, il comprit que la sagesse divine ne le laisserait pas vacant et il resta dans l'attente de celui que Dieu le Très-Haut créerait pour l'occuper. Or Dieu ne créa personne après cela, si ce n'est Adam. Satan connut alors avec certitude que cette forme, qui n'est pas comme celle des quadrupèdes, mais de taille droite, n'avait été créée que pour prendre sa place. Il se mit donc à observer Adam, notre père, pour savoir ce qu'il ferait. Et l'ayant vu tourner autour de tous les arbres du Paradis, à l'exception du seul arbre de la science du bien et du mal, dont il ne mangeait point, il chercha un stratagème pour le tromper. Il se disait en lui-même: «Dieu ne manque à l'équité envers personne: Dieu le Très-Haut m'a précipité, après mon péché et ma désobéissance, quand j'ai refusé de le louer et de le bénir; et cet autre, dès qu'il aura transgressé l'ordre de Dieu, son maître, et mangé de cet arbre, sera précipité comme je l'ai été moi-même, parce que la justice divine l'exige.»

Satan alors employa l'astuce contre Eve avec laquelle plus qu'avec les animaux Adam était familier et il lui demanda: «Pourquoi ne mangez-vous pas tous deux de cet arbre? ---- Dieu, lui répondit-elle, nous a interdit d'en manger et il a dit: «Le jour où vous en mangerez vous mourrez.» Satan lui dit, empruntant la langue du serpent: «Vous ne mourrez point, si vous en mangez, mais vous deviendrez des dieux, connaissant le bien et le mal.» Eve crut à la parole du serpent, elle prit [du fruit] de l'arbre et en mangea; puis elle en présenta à son mari Adam qui en prit et en mangea aussi. Tous deux à l'instant furent dépouillés de leur gloire; leur nudité apparut à découvert, et ils furent chassés du Paradis par la porte occidentale. Adam entendit alors un bruissement comme celui des pas d'un homme qui venait à sa rencontre et qui lui disait: «Adam, Adam, ou es-tu? ---- O mon Seigneur, répondit Adam, j'ai entendu le bruit de tes pas dans le Paradis et j'ai eu peur, parce que je suis nu.» Et le Seigneur, dont le nom est grand, ajouta: «Qu'est-ce qui t'a appris que tu es nu? Aurais-tu désobéi en mangeant [du fruit] de l'arbre dont je t'avais défendu de manger? Tu en as donc mangé? ---- La femme que tu as mise avec moi dans le Paradis m'a égaré à tel point que j'en ai mangé,» répondit Adam. Et Dieu lui dit: «Parce que tu as désobéi à la parole de ton Seigneur pour t'en rapporter à ta femme et que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais défendu de manger, tu mourras. La terre est maudite à cause de ton acte.» Et il dit à la femme: «Puisque tu as désobéi pour t'en rapporter à la parole du serpent, que tu as mang [de l'arbre] et en as donné à ton mari, tu mourras. Tu enfanteras dans les angoisses et les douleurs et tu retourneras à ton mari.» Et il dit au serpent: «Tu es maudit entre les animaux, tu ramperas sur ton ventre.» Car il était d'abord un quadrupède. Dieu ajouta: «Tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. Je mettrai l'inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité. Ils guetteront ta tête et tu te mettras en embuscade à leur talon.»

Commentaire. ---- La tête du serpent c'est la place d'où Satanaël a été précipité et d'où la louange [divine] est absente: le genre humain guette cette place et Satan guette les talons du genre humain. Le mot 'aqbouhoum désigne l'endroit où se trouve le membre de la volupté, par lequel les hommes s'éloignent de leur Créateur.

CHAPITRE V -- Expulsion d'Adam du Paradis, lors de sa désobéissance.

Adam et Eve furent alors expulsés du Paradis de délices [et envoyés] vers le pays de la misère. Triste et versant des pleurs, Adam sortit et, dans son chagrin, s'arrêta pour prier devant la porte occidentale; et c'est pourquoi les fidèles, pendant la prière, se tournent du côté de l'Orient. Dans la suite des temps, Satan se mit à manifester son hostilité contre le premier homme. Un jour, par exemple, que celui-ci était endormi, Satan rassembla ses milices et prit un quartier de moutagne qu'il transporta avec l'aide de ses suppôts et qu'il lança sur Adam, pendant son sommeil, pour le tuer. Mais le Seigneur, qui est le Dieu plein de compassion et qui ne veut pas la mort du pécheur, creusa comme un couvercle ce quartier de montagne, pendant qu'il tombait sur Adam, et celui-ci ne mourut pas. Toutefois, quand il se réveilla et qu'il se trouva plongé dans des ténèbres épaisses, il dit, saisi de crainte: «Vous me faites périr, ô mon Maître.» Et la voix qu'il avait entendue dans le Paradis lui cria: «O Adam! voilà l'amour de ton ami à qui tu avais obéi [d'abord] et dont tu as [ensuite] transgressé les ordres.»

Il faudrait un fort long récit pour raconter en détail ce qui arriva entre Adam et Satan. Notre dessein est d'abréger.

A partir du moment où il eut mangé de l'arbre, Adam, brûlé par le feu de la convoitise animale qu'il portait en lui-même, ne connut plus de repos.

CHAPITRE VI -- Mariage d'Adam et d'Eve pour la multiplication de leur postérité; ACCROISSEMENT ET BÉNÉDICTION Qu'lLS REÇOIVENT DU DIEU TrÈS-HaUT.

Après cela, Dieu le Très-Haut appela Adam en disant: «Adam, Adam! lorsque tu voudras t'approcher d'Eve, tu lui donneras 72 mithqâls de l'or que je t'ai envoyé par l'entremise de l'ange Michel dans la caverne des trésors. Tu les lui donneras en dot et tu m'offriras un sacrifice avant de t'approcher d'elle.» Adam fit ainsi; et c'est la raison pour laquelle la dot obligatoire de l'église doit être de 72 dinars, chiffre correspondant au nombre de mithqâls envoyés par l'ange Michel.

Ensuite Adam s'approcha d'Eve qui conçut de lui et enfanta un garçon et une fille. Le Seigneur les bénit tous deux, en disant: Croissez, multipliez-vous, remplissez la terre et l'assujettissez.

Adam connut Eve une seconde fois. Elle conçut de lui et mit encore au monde un garçon et une fille. Lorsque ces enfants eurent grandi et furent en âge de se marier, Dieu adressant la parole à Adam lui dit: «Sépare chacune des deux grossesses pour le mariage: donne le garçon issu du premier enfantement à la fille née du second.» Or l'une des deux filles était très belle, mais non pas l'autre. Le moment du mariage venu, Adam, notre père, dit à ses deux fils, Abel et Cain: «Gravissez la montagne, offrez vos sacrifices et sanctifiez-vous avant de prendre vos sœurs pour compagnes.» Caïn répliqua: «Je ne prendrai que ma sœur, celle qui a été conçue avec moi, car elle est fort belle.» Gela, à rencontre de la parole de Dieu le Très-Haut. Adam, son père, ne lui accorda pas ce qu'il demandait et Caïn ne pouvait pas lui désobéir.

Il gravit la montagne pour offrir son sacrifice, avec un cœur rempli d'envie contre son frère, à cause de la beauté de sa sœur que celui-ci devait épouser. Satan lui suggéra la pensée de tuer son frère Abel, et ce fut avec cette intention qu'il monta. Sa haine redoubla lorsque Dieu eut refusé d'agréer son offrande; il laissa [marcher] son frère Abel; puis venant par derrière, il le frappa dans un endroit où la blessure était mortelle et le tua. Il resta alors interdit, se demandant ce qu'il ferait de lui, car personne auparavant n'était mort sur la terre. Enfin il l'abandonna et descendit de la montagne, ce Cain, Cain! ou est ton frère?» lui cria Dieu le Très-Haut. ---- «O mon Seigneur, répondit-il, je l'ai laissé clans la campagne»: comme s'il eût ignoré que Dieu sonde les cœurs et les pensées.

CHAPITRE VII -- De la raison qui fit établir le souhait de paix au commencement du monde. ---- Séparation des enfants de Caïn d'avec les enfants d'Abel (Seth).

Dieu dit à Caïn: Voici que le sang d'Abel crie jusqu'à moi?. Tel est le motif pour lequel, depuis le commencement du monde, celui qui rencontre quelqu'un doit lui dire: «La paix soit avec toi,» comme s'il disait: «Mon cœur ne renferme aucune perfidie contre toi; je n'agirai pas à ton égard comme Caïn se comporta à l'égard de son frère Abel.»

Ensuite la postérité d'Adam se multiplia sur la terre, conformément à la parole de Dieu le Très-Haut: Croissez, multipliez-vous et remplissez la terre. Cette croissance et cette multiplication durèrent jusqu'à ce que la fréquence de l'adultère eut engendré la corruption. Dieu dit alors à Adam: «Que les enfants du béni (Seth) ne soient pas mélangés avec les enfants du maudit.» Adam fit donc habiter les enfants de Caïn en bas dans la plaine, tandis que les enfants de Seth restèrent sur la montagne où ils louaient Dieu comme les anges. Les enfants de Cain devinrent plus rebelles encore: ayant exprimé le jus du raisin, ils buvaient du vin et s'enivraient; ils s'insurgeaient les uns contre les autres; ils ne pratiquaient pas la crainte de Dieu sur leur couche, mais chacun y prenait sa mère et sa sœur. Il en fut ainsi jusqu'à l'époque du pieux Noé.

CHAPITRE VIII -- NOE CONSTRUIT L'ARCHE ET IL Y ENTRE.

Dieu commanda au pieux Noé de prendre du bois de platane, c'est-à-dire de chimchàr, [essence] que les vers n'attaquent pas, et d'en construire une arche qui aurait trois cents coudées de longueur, cinquante coudées de largeur et trente coudées de hauteur, qui serait enduite de bitume à l'intérieur et à l'extérieur et voûtée. [Dieu ajouta]: Tu y feras entrer avec toi tes fils et leurs femmes; parmi les animaux purs, sept couples de tous les oiseaux, animaux domestiques et reptiles; parmi les animaux impurs, un couple, mâle et femelle: car je vais envoyer sur la terre les eaux du déluge.

Noé, exécutant les ordres de Dieu le Très-Haut, fit entrer avec lui tout ce qu'il lui avait désigné. Il ne savait pas distinguer les oiseaux et les quadrupèdes purs de ceux qui étaient impurs; mais, quand le moment d'entrer dans l'arche fut venu, il trouva ceux qui étaient purs réunis par couples de sept d'un côté et les impurs deux par deux, d'un autre côté. Depuis lors jusqu'à ce jour, on a su distinguer les animaux purs des animaux impurs.

Le Seigneur était tellement irrité contre le genre humain qu'il fit venir le déluge et anéantit tous les animaux et tous les hommes qui étaient sur la terre. Seuls, le pieux Noé, ses enfants et les femmes de ses enfants, Sem, Cham et Japhet, survécurent. Ils avaient avec eux dans l'arche le crâne de notre père Adam.

Le déluge resta sur la terre pendant onze mois. Au dixième mois, Noé ouvrit l'arche et lâcha le corbeau pour savoir si l'eau avait diminué ou non; mais le corbeau ne revint pas. Après cela, il lâcha la colombe, et elle revint portant dans son bec une feuille d'olivier. Noé connut alors que l'eau avait disparu de la surface de la terre.

Voilà pourquoi l'Eglise fait acquisition d'huile d'olive, à l'exclusion de toute autre. C'est parce que Dieu le Très-Haut la conserva et la préserva du courroux qui s'était étendu à la terre entière. Si l'olivier n'avait pas contenu un mystère divin, il n'aurait pas résisté à l'eau du déluge. Le Seigneur ne le conserva qu'à cause du mystère qui s'y trouve caché, parce que son huile sert à rapprocher les hommes de Dieu le Très-Haut. Il y en a dans la corne de l'onction et dans le Saint-Chrême. Après l'avoir bénite, les prêtres en font des onctions sur les malades, et ils sont guéris. Si elle n'eût contenu un mystère divin, il en fût allé tout autrement.

Quand le déluge se fut retiré de dessus la terre, le pieux Noé sortit de l'arche. La face de la terre était renouvelée une seconde fois et avait retrouvé sa pureté originelle. Etant sorti de l'arche, le pieux Noé offrit au Dieu Très-Haut de l'encens en sacrifice. Le Seigneur respira la bonne odeur de l'encens et jura par sa droite puissante [en disant]: Je ne maudirai plus jamais la terre [en lui envoyant] un second déluge pour la détruire. Et il donna à Noé un signe, à savoir F arc-en-ciel qui en hiver paraît à l'occident avant la pluie. Et il ajouta: «Tant que tu verras ce signe, garde l'assurance que le déluge ne reviendra pas une seconde fois sur la terre.» Il en fut toujours ainsi jusqu'aux jours du pieux Lot. Dieu lui envoya ses anges qui le firent sortir, lui et sa femme, de Sodome. Puis il y fit pleuvoir du feu et du soufre. Mais la femme de Lot, ayant regardé en arrière par compassion pour la ville, fut changée aussitôt en colonne de sel.

CHAPITRE IX -- Venue de notre père Abraham.

Après cela, parut notre père Abraham, fils de Tharé (Târih): la paix soit avec lui! Il se montra juste à son époque. Le premier, il paya la dime à Melchisédech, prêtre du Dieu Très-Haut, en venant de faire la guerre aux rois, à la tête de trois cent dix-huit hommes. C'est la cause et la figure de la réunion des trois cent dix-huit Pères dans la ville de Nicée (Nîqya).

Très riche, aimant les étrangers, connaissant le Dieu Très-Haut, Abraham était en opposition de doctrine avec tous les Sabéens. Ceux-ci croyaient, en effet, que les astres sont aussi anciens que le Créateur Très-Haut, que ce Créateur est l'ame des astres et que ces astres forment son corps, intermédiaire nécessaire entre Lui et le genre humain. Ils se choisirent donc des idoles, s'imaginant qu'elles seraient des intermédiaires entre Dieu et l'homme. Abraham les gourmandait à ce sujet, leur disant que ces astres sont pour le Créateur Très-Haut comme, dans la main du charpentier, une cognée avec

laquelle il fait ce qu'il veut. Ils ne se rendirent pas à ses paroles, mais continuèrent d'adorer les idoles et de les préférer à notre Créateur, à qui soient les louanges et les bénédictions pour l'éternité.

Lorsque les hommes eurent adoré les idoles, leur eurent offert des sacrifices, égorgé des victimes et fait brûler de l'encens, Satan entra dans ces [idoles] et du dedans parla aux hommes. Ceux-ci crurent qu'elles s'entretenaient avec eux à la place des esprits habitant les étoiles, aux intermédiaires desquels ils avaient fait brûler de l'encens et offert des sacrifices. Les choses se passèrent ainsi jusqu'à Abraham. Celui-ci, à une certaine époque, eut un serviteur appelé Mamri, de couleur noire et d'origine éthiopienne, qui paissait les moutons. Un jour Abraham lui remit trois pains dans une musette pour sa nourriture. Conduit par Dieu le Très-Haut, Mamri sortit et trouva un homme souffrant de la faim, qui demandait l'aumône. Il lui donna un des trois pains, se disant en lui-même: «Cet homme le mérite plus que moi, car il est indigent et le pain abonde dans la maison de mon maître. » Dès que la miséricorde eut rempli le cœur de l'esclave au point de la faire passer de la puissance à l'acte, en donnant l'aumône, la lumière de Dieu descendit sur sa main qui devint blanche comme la neige. Il s'en étonna et s'abstint de manger.

Avant trouvé ensuite un second individu qui demandait l'aumône... il lui donna un autre pain, et aussitôt ses deux avant-bras prirent la couleur de la neige. Son étonnement augmenta et il s'abstint de manger.

Vint encore à lui un autre individu qui lui demanda l'aumône; et quoiqu'il fût à jeun, il tira pour lui le troisième pain. Cela fut si agréable au Seigneur Dieu, qu'envoyant sa lumière et la faisant descendre sur lui, il le rendit tout entier blanc comme la neige.

A la fin du jour, quand le soir arriva, ce serviteur toujours à jeun, parce qu'au lieu de manger il avait distribué toute sa nourriture aux indigents, revint chez Abraham, son maître. Celui-ci ne le reconnut pas, parce qu'il était devenu tout blanc. «Qui es-tu?» lui demanda-t-il. ---- «Je suis ton serviteur Mamri. ---- Tu ne dis pas la vérité, répondit Abraham: mon servi-1eur Mamri est noir, et toi, tu es blanc. ---- O mon maître, je suis véritablement ton serviteur Mamri, je suis celui qui ai planté l'arbre.» Et il lui donna de telles preuves qu'Abraham le reconnut. «Mais comment es-tu passé, lui demanda-t-il, de la couleur noire à la couleur blanche?» Le serviteur lui raconta ce qui lui était arrivé, comment il avait donné sa nourriture aux indigents et comment, à cause de cela, il avait reçu la blancheur de la lumière à la place de la couleur noire. Extrêmement surpris, Abraham se dit en lui-même: «Si Dieu le Très-Haut a revêtu de sa lumière un serviteur à cause de la miséricorde qu'il a faite, moi possesseur de richesses et de troupeaux, à quoi pensé-je de négliger à rechercher les indigents? Je prends l'obligation sincère de ne plus manger à l'avenir, sinon avec les mendiants, les indigents ou les faibles.» Abraham, notre père, persévéra clans cette voie pendant tout un jour, mais il ne vint aucun hôte. Il en fut de même le second jour, le troisième et le quatrième, jusqu'au quarantième. Mais il ne passa aucun hôte, et il jeûnait toujours. Dieu eut pitié de lui, à cause de sa bonté, de la beauté de son obéissance, de sa générosité et du long jeûne auquel il s'était astreint pendant quarante jours; il eut pitié de lui et lui apparut, accompagné de deux anges, sous l'aspect d'hôtes, pour le faire manger et lui faire réparer ses forces. Abraham dit alors à Sara: «Prends trois mesures de farine bien blanche et fais-en un gâteau cuit au four; prends aussi dans le troupeau un veau tendre et gras et fais un repas pour ces hôtes.» Quand ceux-ci eurent mangé en sa compagnie, Abraham prit aussi de la nourriture et fut réconforté.

Dieu dit à Abraham: Je reviendrai rers toi à cette même époque et Sara ta femme aura un fils. Alors Sara se mit à rire à l'intérieur de la tente. Et l'on dit qu'elle eut ses règles aussitôt et que le mot «rire» est ici une expression enveloppée pour désigner les règles.

Abraham et Sara étaient avancés en âge: Abraham avait à cette époque 99 ans; mais sa convoitise et celle de Sara se réveillèrent; tous les deux s'unirent; elle conçut de lui et mit au monde Isaac dont Dieu a dit: Par Isaac, une postérité te sera attribuée.

CHAPITRE X -- Dieu prescrit a Abraham la circoncision.

Après cela, Dieu dit à Abraham: «O Abraham, circoncis toi-même tous les mâles de ta maison. Tout individu qui ne le fera pas sera retranché de mon peuple.»

En cela le dessein de Dieu était de se réserver un peuple parmi les nations, afin qu'il fût dit: «Voici le peuple de Dieu.» De plus, Dieu prescrivit à Abraham cette section du prépuce pour indiquer qu'il faut retrancher la concupiscence du cœur. Dieu dit à Abraham: Je multiplierai ta postérité au point qu'elle sera nombreuse comme les étoiles du ciel et comme le sable qui est sur le bord de la mer.

Abraham prit ensuite pour épouse une servante nommée Agar et s'unit à elle sur la demande de Sara, sa femme. Agar mit au monde un fils qui fut appelé Ismaël. Et la postérité de celui-ci fut aussi nombreuse que les grains de sable de la mer, qui sont foulés aux pieds; pareillement la postérité d'Isaac fut nombreuse comme les étoiles du ciel: en sorte que le nombre des étoiles du ciel se rapporte à Isaac et que le nombre des grains de sable de la mer se rapporte à Ismaël. La postérité qui se rapporte aux étoiles du ciel devint céleste, et la postérité qui se rapporte aux grains de sable de la mer devint toute terrestre. Comprends bien cela.

CHAPITRE XI -- Immolation d'Isaac et enfantement d'un bélier par un arbre.

Après cela, Dieu, s'adressant à Abraham, lui dit: «Prends ton fils bien-aimé, celui que tu aimes, Isaac, et offre-le-moi en holocauste sur l'un des plateaux élevés que je te montrerai.» Aussitôt Abraham se leva, prit avec lui deux serviteurs, du feu et du bois et emmena Isaac.

Celui-ci lui dit: Mon père, où vas-tu?---- Mon fils, répondit Abraham, je vais offrir un sacrifice à Dieu. ---- Mon père, reprit Isaac, voici le feu et le bois, mais où est l'agneau pour le sacrifice? ---- Dieu se pourvoira lui-même d'un agneau, répondit Abraham.

Arrivé au lieu que l'ange lui avait désigné et qui était celui où avait été» enterré le crâne d'Adam notre père, Abraham s'approcha d'Isaac, le prit, le lia, alluma le buis et se disposa à immoler son fils. Comme il était sur le point de l'égorger, une voix l'appela en disant: Abraham! Abraham! Et il répondit: Me voici! La voix lui dit: N'avance pas ta main sur l'enfant et ne lui fais aucun mal, car je sais maintenant que tu ne m'as pas refusé ton fils unique et bien-aimé, Isaac.

Oh! quelle grande merveille que la foi de ce vénérable vieillard, Abraham! Dieu lui avait dit: «C'est d'Isaac que naîtront ta postérité et ta descendance.» Et après cela, il lui ordonne de le lui offrir en sacrifice! Et Abraham ne doute pas dans son ame de la promesse de Dieu, mais il se dit en lui-même: «Dieu a le pouvoir de me susciter une descendance comme il voudra.» En entendant cette parole du Seigneur: N'avance pas ta main sur l'enfant et ne lui fais aucun mal, Abraham se retourna et vit là un arbre dans lequel un bélier était retenu par les cornes. II le prit, l'égorgea et racheta par lui son fils Isaac. On dit: L'arbre, contrairement à sa nature, enfanta alors, par la puissance divine, cet agneau pris par les cornes; et cela n'est pas autre chose qu'une figure de la Vierge Marie, qui devait mettre son Fils au monde en dehors des lois de la nature, comme l'arbre, contrairement à sa nature, avait enfanté le bélier. Et comme l'agneau retenu par ses cornes dans l'arbre fut la rançon d'Isaac, ainsi Marie enfanta, en dehors des lois de la nature, celui qui devint un Agneau pour la rédemption d'Adam, le premier fils. Et comme cet agneau-là était retenu par les cornes dans l'arbre, ainsi le véritable Agneau fut retenu par les bras sur le bois de la croix sainte, dans le même lieu: en sorte que son sang coula sur le crâne d'Adam et le purifia. C'est là que fut accomplie la rédemption du monde entier.

CHAPITRE XII -- Dieu donne a Jacob le nom d'Israël.

Ensuite Abraham, devenu vieux, avancé en âge, donna sa bénédiction à Isaac. Celui-ci, parvenu aune grande vieillesse, bénit son fils Jacob que Dieu avait nommé Israël. Une nuit, en effet, Dieu apparut à Jacob et, après avoir lutté avec lui jusqu'à l'aurore, le vainquit. Or Jacob était si brave et d'une telle force que nul ne pouvait le jeter par terre. Lors donc que le Seigneur lui eut apparu en cette nuit et qu'ayant lutté avec lui, il l'eut renversé par terre, Jacob lui dit: Je ne te laisserai point aller que tu ne m'aies béni. Dieu lui répondit: Dorénavant tu ne t'appelleras plus Jacob, mais Israël.

Voici la raison de cette lutte entre Dieu et Jacob. La force de Dieu est son Fils unique. Après sa lutte avec Jacob, Dieu lui dit: Dorénavant tu ne t'appelleras plus Jacob, mais Israël, voulant indiquer par là l'empreinte de la présence de Dieu en lui et l'avertir de ceci: De même que ton nom était Jacob et qu'il est devenu Israël (Israël signifie qui regarde Dieu en face), ainsi moi je changerai mon nom de Dieu en celui de Messie; et comme de toi sortiront douze hommes, ainsi douze hommes sortiront de mon nom, qui seront les saints Apôtres.

Le nom d'Israël ne cessa d'être porté jusqu'au prophète Moïse, le premier des Prophètes. A cette époque, Pharaon avait ordonné aux sages-femmes de tuer tous les enfants mâles des Hébreux et de laisser vivre les filles.

CHAPITRE XIII -- Naissance de Moïse; son éducation; son nom en langue copte.

Quand Moïse fut né, la crainte de Dieu s'empara des sages-femmes, parce qu'il était beau de visage; elles conseillèrent à sa mère de le placer dans une corbeille et de le jeter dans le Nil. Sa mère agit ainsi par crainte de Pharaon, roi d'Egypte. Or, le même jour, la fille de ce dernier, après une promenade sur les bords du fleuve, y descendit pour se baigner et trouva cette corbeille flottant au milieu des eaux. Elle la prit, l'ouvrit et y trouva un bel enfant qui pleurait et elle dit: «Je l'élèverai comme s'il était mon fils.» La sœur de Moïse, qui avait suivi la corbeille entraînée par le courant, voyant que la fille de Pharaon avait pris l'enfant qui pleurait, lui dit: Veux-tu que j'aille te chercher une nourrice parmi les femmes des Hébreux? ---- Va, dit-elle. La jeune fille alla et lui amena la mère de Moïse. Et celui-ci fut élevé dans la maison de la fille de Pharaon, jusqu'à ce qu'il fut devenu grand.                               

Le nom de Moïse en copte signifie: «sauvé des eaux», parce qu'il en avait été retiré.

Devenu grand et adulte, Moïse sortit et trouva un Egyptien qui frappait un Hébreu; il regarda attentivement de côté et d'autre et, ne trouvant personne qui l'observât, il tua l'Egyptien et l'enterra dans le sable. Le jour suivant, il trouva deux hommes qui se querellaient; il s'avança pour les séparer, mais l'un d'eux lui dit: Qui t'a établi chef et juge sur nous? Voudrais-tu me tuer par hasard comme hier tu as tué l'Egyptien? A cause de cette parole, Moïse s'enfuit dans le pays de Madian, où le prêtre de ce pays, l'ayant rencontré, lui confia un troupeau pour le faire paître. Moïse conduisit le troupeau à la montagne d'Horeb pour l'y abreuver. Et c'est là que lui apparut l'ange de Dieu, semblable à un feu qui brûlait dans un buisson vert. Moïse, saisi d'admiration, se dirigea vers le buisson pour le regarder, et tandis qu'il le considérait, une voix l'appela du [milieu du] buisson, en disant:

CHAPITRE XIV -- Discours de Dieu a Moïse sur le mont Sinaï.

Moïse! Moïse! je suis Dieu, le Dieu de tes pères, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. Ote tes chaussures de tes pieds, car le lieu dans lequel tu te tiens est saint. Moïse se cacha le visage, craignant de regarder Dieu.

Cette apparition du feu, brûlant dans le buisson, était une figure de l'union de la divinité avec l'humanité et de la descente du feu dans le sein de la Vierge qui n'en fut pas consumée, pas plus que ne fut consumé le buisson vert dans lequel le feu était allumé. Ce fut, troisièmement, une figure par laquelle Dieu indiquait son union avec l'humanité et son apparition aux créatures. Ces trois figures indiquent également le nombre [des personnes] de la Sainte Trinité.

Après cela Dieu dit à Moïse: «Frappe la terre avec ton bâton et il arrivera telle et telle chose.» Moïse frappa la terre avec son bâton, et il arriva sur la terre tout ce que Dieu avait dit, les dix plaies, qui furent: les serpents, le changement de l'eau en sang, les poux, la peste du bétail, les grenouilles, les scarabées, les sauterelles, les moustiques, la grêle et enfin Fange qui fit périr les premiers-nés de l'Egypte, tant des hommes que des animaux, comme l'atteste la Thora.

CHAPITRE XV -- De l'agneau, figure de l'Agneau véritable.

Ensuite Dieu dit à Moïse: «Parle aux Israélites et dis-leur: Le dixième jour de la nouvelle lune, chaque maison s'achètera un agneau d'un an; et si une maison ne peut acheter un agneau d'un an, deux maisons l'achèteront on commun, et elles le garderont depuis le dixième jour de la lune jusqu'au quatorzième. Alors ils l'égorgeront au coucher du soleil dans la nuit dont le matin est le 15. Ils le mangeront à la hâte. L'agneau sera rôti au feu et non bouilli dans l'eau; ils ne briseront point ses os. Vous sortirez à la hâte et vous teindrez de son sang les deux linteaux de vos portes, le supérieur et l'inférieur. Cette nuit-là, en effet, j'enverrai un ange exterminateur qui fera périr les premiers-nés de l'Egypte depuis les hommes jusqu'aux animaux; mais quand il verra le sang dont les deux linteaux de vos portes seront barbouillés, il fera une distinction entre les Israélites et les Egyptiens'.»

Le peuple lit ce que Dieu avait ordonné à Moïse. Et il sortit [de l'Egypte] en toute hâte, emportant la pâte avant qu'elle fût levée, dans des paquets, sur ses épaules.

Dieu dit à Moïse: «Frappe la mer avec ton bâton et elle se divisera.» Moïse frappa la mer avec son bâton et elle se divisa. Les enfants d'Israël y entrèrent et ils marchaient sur le sec. Le Pharaon, informé de leur départ, avait pris ses chars et ses cavaliers et il passait la mer à la suite des enfants d'Israël. Mais les eaux revinrent sur lui et l'engloutirent avec ses chars, ses cavaliers et toute son armée: pas un seul n'échappa.

Moïse conduisit le peuple de Dieu dans le désert, se dirigeant vers la terre de Canaan qui était bénie et qui est devenue maudite. Ensuite le peuple eut faim dans la solitude et Dieu lui donna de la manne à manger; il ouvrit le rocher et en lit couler douze fontaines d'eau, pour le faire boire, lui et ses bêtes de somme. Il lui donna soixante-dix pieds de palmiers fruitiers qui marchaient avec lui, de concert avec les douze fontaines, vers tous les lieux où il se rendait. Il le dirigea à l'aide d'une colonne qui était lumineuse pendant la nuit pour l'éclairer et obscure pendant le jour pour le préserver des ardeurs du soleil. Ses bêtes de somme ne se fatiguèrent pas, ses vêtements ne se déchirèrent pas. Dieu le conduisit [ainsi] jusqu'au port de sa volonté.

CHAPITRE XVI -- Du Tabernacle que Dieu montra a Moïse pour qu'il en CONTRUISÎT UN SEMBLABLE.

Dieu Ordonna à Moïse de faire le Tabernacle avec des bandes d'étoffe tissées, munies de boutons et de ganses et supportées par des colonnes en bois d'acacia recouvertes d'or. Il devait y entrer du cramoisi, de la pourpre, du coton, du [bois de] 'ochâr, de l'or, de l'argent et de l'airain. Il mit au Tabernacle un voile appelé le Saint et un autre, à l'intérieur, appelé le Saint des Saints, destiné à contenir la table, le chandelier, une mesure de manne, l'arche recouverte de feuilles d'or, dans laquelle seraient placées les deux tablettes écrites par le doigt de Dieu. Il y avait aussi [dans le Tabernacle] la boite des parfums et le bassin d'airain destiné aux prêtres qui devaient s'y purifier avant de fouler le sanctuaire du Seigneur.

Moïse fit pour le prêtre Aaron une tunique dont il devait être revêtu pendant qu'il remplissait les fonctions sacerdotales, ainsi qu'une ceinture et une tiare. La tunique était garnie tout autour de clochettes et de grelots d'or et ornée de rangées de pierres précieuses telles que béryls, hyacinthes, émeraudes, topazes et autres.

Ce Tabernacle, Dieu le Très-Haut l'avait montré à Moïse sur le mont Sinaï; et Moïse l'exécuta d'après l'image que Dieu le Très-Haut lui avait fait voir. Dieu avait auparavant figuré ce Tabernacle par le vaisseau qu'il avait ordonne au pieux Noé de construire: de même que ce vaisseau était bombé pour recevoir les averses du ciel et laisser écouler les eaux de la colère.

ainsi, conformément aux ordres de Dieu, le Tabernacle fut construit par Moïse sur le modèle de ce navire, pour sauver le peuple du courroux de Dieu qui a dit: «L'homme est enclin au mal depuis son enfance.» Il y eut, dans le Tabernacle, des prêtres et des lévites qui intercédaient pour les péchés du peuple de Dieu, par les victimes et les sacrifices qu'ils offraient.

CHAPITRE XVII -- Offrande des sacrifices dans le Tabernacle.

Dieu donna cet ordre à Moïse: «Parle aux enfants d'Israël et fais-leur connaître que quiconque aura péché et transgressé la loi devra amener un bélier qui sera immolé par un lévite, tandis que le prêtre le tiendra avec ses mains par les cornes. Le prêtre prendra du sang de ce bélier, en aspergera l'autel, en teindra ses doigts et en mettra sur celui qui offre le bélier pour ses péchés; alors je les lui pardonnerai». «Le péché de l'homme n'a jamais été pardonné que par l'effusion du sang.»

Le Seigneur leur donna de grands commandements, comme il est raconté dans le livre de la Thora, mais l'exposé en serait fort long.

CHAPITRE XVIII -- Les tablettes conservées dans l'Arche d'alliance.

Parmi ces [commandements], il y a ceux que Dieu leur traça avec le doigt de sa puissance sur les tablettes qui leur parvinrent par la main de Moïse. Les voici: «Ecoute, ù Israël, ton Dieu; il est le Seigneur unique. Tu rien serviras pas d'autre que lui. Tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son champ, ni son âne, ni les objets de sa maison. Dieu dit aussi: Tu ne tueras point. Tu ne commettras point d'adultère. Tu ne déroberas point. Tu ne porteras point de faux témoignage. Tu ne commettras point d'injustice. Honore ton père et ta mère. Aime ton prochain comme toi-même. Observe le sabbat du Seigneur.» Et dans un autre endroit: «Tu ne coudras pas de la laine avec du coton, ni du coton avec de la laine". Tu ne feras point cuire un chevreau dans le lait de sa mère3», et d'autres préceptes dont l'exposé serait trop long.

Quant à cette parole: «Tu ne coudras pas de la laine avec du coton, ni du coton avec de la laine», elle exprime la totale justice du Dieu Très-Haut, qui ne veut pas que le coton soit rongé par la laine, plus forte que lui. Et si Dieu, dans la Thora, n'a pas permis de coudre la laine avec le coton, de peur que l'une n'eût l'avantage sur l'autre, c'était pour établir parmi les hommes une justice qui interdirait à quiconque de faire violence à son prochain. Quand il est venu pour sauver l'homme par sa divine puissance, il n'a pas provoqué Satan à la colère, il ne l'a pas traité avec violence en lui prenant l'homme de vive force; mais il a humilié sa grandeur, il a caché sa divinité au diable et à ses milices. Celui-ci étant alors entré dans les princes des prêtres juifs et les ayant poussés à crucifier Notre-Seigneur (à lui la gloire!), le Christ a acquis l'homme au prix de son sang répandu. Il n'a pas pris Satan par la violence, mais par la justice.

La parole: «Tu ne mangeras pas le chevreau avec le lait de sa mère», est dite, parce que le Dieu Très-Haut avait ordonné de lui céder les prémices de toutes choses. C'était une excitation à distraire les premiers-nés du troupeau, de crainte que l'homme, par convoitise, ne voulût pas les lui abandonner.

Dans la suite, le peuple oublia le Seigneur son Dieu, et adora les idoles, en disant qu'elles étaient les médiatrices entre lui et les esprits des astres.

CHAPITRE XIX -- De la secte des Sabéens, adorateurs des astres.

Le peuple retournait à la secte des Sabéens qui adoraient les astres. Car l'appel à ce culte avait été lancé antérieurement par quelques grands personnages.

Parmi ceux-ci, il y eut Féridoun qui adorait Mercure ('Otàrid). Il lui présentait des offrandes, immolait des victimes à son esprit et lui faisait brûler de l'encens, tellement que cet esprit descendit jusqu'à lui sous la forme d'une étincelle de feu et lui adressa la parole. Féridoun dit au peuple qui l'entourait ce que cet esprit lui avait dit: «Je te donnerai la puissance, la grandeur et la direction des affaires aux yeux des hommes. Je pourvoirai à tes besoins et à ceux de mes sectateurs, si eux et toi, vous faites tout ce que je vous commanderai, si vous m'offrez des victimes, des oblations et de l'encens.»

Semblablement, l'esprit de Saturne (Zohal) apparut à un personnage nommé Zoroastre (Zarâdacht). La doctrine de celui-ci s'étant répandue dura mille cinq cents ans. Il envoya en mission soixante-dix hommes sur lesquels étaient descendus soixante-dix esprits issus de l'esprit de Saturne et qui conviaient les gens au culte de cet astre. Zoroastre leur dit à l'heure de sa mort: «Si vous ne mangez mon corps et ne buvez mon sang, vous n'aurez pas de part au salut.» Après son trépas, ses disciples firent donc bouillir son corps et burent de cette eau trouble. Il obtint ainsi l'accomplissement de ce qu'il leur avait dit.

Il en va de même pour Benderitous né des deux esprits de la lune et de Jupiter (Al'Mochtari): il est le roi des talismans; il est le premier qui ait enseigné aux hommes la magie, la sorcellerie, l'astrologie, la science de la magie blanche, la science des choses cachées et qui ait mentionné en réalité les conjonctions des sphères célestes et toutes les manières dont les hommes sont entrés en rapport avec elles, en rendant un culte aux astres et en cherchant à faire descendre leurs esprits.

Satan conseilla de fabriquer des idoles qui serviraient d'intermédiaires entre les hommes et les esprits des astres. Il résida dans ces idoles et, de leur intérieur, parla aux gens, attribuant ce qu'il disait aux esprits des astres. Cette dernière erreur était pire que la première, car tous les anciens crurent ainsi à l'action des esprits des astres et s'habituèrent à leur rendre un culte pour subvenir à leurs besoins. Ces influences se propagèrent parmi les hommes pendant de longs siècles, tandis que s'étendait l'appel de ceux qui s'attribuaient la divinité dans ce inonde. Le nom de [Benderitous] fut si grand parmi les philosophes qu'ils croyaient que tout ce qu'ils faisaient n'était accompli que par la glorification du nom des astres et grâce aux offrandes qu'ils leur faisaient et à l'adoration de leurs noms.

De leur puissance sur les âmes, ces idées laissèrent des traces innombrables. Leurs principes s'imprimèrent dans les intelligences, et leurs traces se fixèrent au plus intime des âmes, leur tenant lieu, pour croire en leurs paroles et se vouer au culte de leurs divinités, des signes évidents et des miracles les plus extraordinaires. C'est qu'ils voyaient comment ils unissaient les forces astrales avec les éléments simples dans des formes particulières et des devoirs particuliers. Et il résulta de ces formes des suites étranges qui stupéfiaient les intelligences humaines. C'est ainsi par exemple qu'ils faisaient une figure avec telle pierre sous tel horoscope, sur une vallée infestée de lions et aucun lion absolument ne passait plus dans ce lieu. Ils agissaient pareillement pour éloigner les bêtes féroces, les oiseaux, les vipères, les insectes, etc., d'après l'enseignement qu'ils avaient reçu des esprits astraux dont nous avons parlé. Sur les trésors remplis d'argent et de pierreries diverses ils construisaient des engins sous la forme d'épées, de bêtes féroces, de flaques d'eau ou de vipères; et personne ne pouvait en approcher en dehors de ceux qui avaient leurs connaissances. En fait de talismans, d'enchantements et des services qu'ils obtenaient du démon, ils faisaient ce que la langue est impuissante à exprimer.

Aristote avait fait pareilles choses pour Alexandre, lorsque celui-ci se rendit dans le pays de la Perse, et il nous faut raconter cela. «Sache, ô roi, dit Aristote, que la Perse est une contrée immense dans laquelle il y a des déserts sans eau et inhabités. Comme ton armée est nombreuse, tu as besoin de talismans qui t'aideront à atteindre ton but et faciliteront tes grandes entreprises. Tu feras donc un coffre de fer dans lequel tu placeras ton elligie en fer, ainsi que les effigies en fer de ton armée montée sur des chevaux de fer. Tu feras aussi des effigies en plomb de tes ennemis dont chacun portera, dans une main, une épée de plomb recourbée en arrière sur le revers de la main, et, dans l'autre main, une lance de plomb, la pointe en bas; à chacun d'eux tu donneras un arc dont la corde sera brisée. Tu placeras, entre l'armée et le coffre, un rideau de 1er; puis tu offriras un sacrifice et de l'encens à Benderîtous, roi des talismans, tu le glorifieras et l'exalteras le plus possible. Tu porteras ce coffre avec toi dans tm armée partout où tu camperas, partout où tu iras; toutes les fois que tu feras une étape, tu placeras le coffre dans ta main et nul n'y touchera, si ce n'est toi. Ainsi, toi et les tiens, vous serez en sécurité contre les ruses de l'ennemi, contre ses embûches, contre ses tromperies et contre les stratagèmes qu'il emploiera contre toi avec toute sa force terrestre. ---- Tu feras un autre talisman destiné à faire couler des fontaines dans les déserts sans eau. Par ce moyen, tu auras des sources jaillissantes dans les déserts desséchés; tu pourras te désaltérer, ainsi que ton armée et les bêtes de somme.»

Voyant que l'intelligence des hommes se laissait entraîner au culte d'autres dieux que lui et qu'ils étaient accoutumés à ne regarder que les choses sensibles et visibles, comme il ne voulait que leur salut dans l'abondance de sa miséricorde et de sa compassion, Dieu (qu'il soit glorifié!) résolut de ramener à lui les intelligences par les objets qui leur étaient familiers et il opposa aux œuvres de Satan attribuées aux esprits sidéraux, des œuvres pareilles dérivées progressivement de sa miséricorde. Il opposa à la flamme qui, provenant de l'esprit de Saturne, s'était montrée à Féridoun et à sa troupe et avait dit: «Je vous donnerai la puissance et la force et je pourvoirai à vos besoins,» la flamme qu'il montra à Moïse dans le buisson incombustible. Quand Moïse se fut dirigé vers lui, il entendit la voix de Dieu qui lui criait: Je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. ---- Il en fut de même pour Zoroastre, lorsque dans les soixante-dix hommes établis par lui résidèrent les soixante-dix esprits provenant de l'esprit de Saturne et engageant les hommes à lui rendre un culte. Le Christ, Fils éternel, personne divine, Verbe, envoya pareillement soixante-dix disciples pour exhorter les hommes à croire en lui et il leur dit: Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratis, donnez gratis.

CHAPITRE XX -- Les signes de Dieu mis en opposition avec les signes attribués aux étoiles.

Dieu mit ensuite en opposition l'arche recouverte de feuilles d'or, contenant les tables de pierre écrites par son doigt, avec le coffre de fer qu'Aristote avait fabriqué pour Alexandre contre ses ennemis du désert. Moïse et Aaron établirent pour l'arche des prêtres, en regard de ceux qui étaient destinés au service de ce coffre. Moïse frappa la terre avec son bâton et l'eau jaillit de douze fontaines, en opposition avec les talismans qui, dans le désert, avaient fait jaillir des eaux pour Alexandre. Ainsi, la verge de Moïse accomplissait ce qui correspondait à toutes les choses attribuées aux esprits sidéraux, parce que le genre humain n'était habitué qu'aux actes tombant sous les sens. Quand Dieu (qu'il soit glorifié!) avait vu que les intelligences humaines étaient entraînées à un autre culte que le sien et qu'elles n'étaient habituées qu'aux choses sensibles et visibles, il envoya son Esprit-Saint sur les sages, avant la venue de la Loi; après les sages, vinrent la Loi et les Prophètes.

CHAPITRE XXI -- Des sages établis pour prophétiser sur N.-S. le Christ ET DE LEURS PAROLES.

Parmi les sages, il en est un qui, parlant conformément à la sagesse, a dit: «Il faut que l'homme applique son âme à la justice et à la pureté et qu'il la dépouille de toutes les souillures. En agissant de cette manière, il se dispose à connaître le nom de six lettres et à voir le Verbe, fils de Dieu, qui n'a pas souffert et qui a souffert.»

Commentaire de ces paroles. ---- Ces mots: «Il se dispose à connaître le nom composé de six lettres» désignent le nom du Messie qui contient a l m s î h: voilà bien six lettres. Quant à ces autres mots: «Il verra le Verbe, fils de Dieu, qui n'a pas souffert et qui a souffert», [il faut remarquer que] le Messie tire ce nom de deux sources différentes, l'une sa divinité, l'autre son humanité; ces deux sources forment ensemble un Messie unique et un Seigneur unique. Le Messie a souffert, pendant son crucifiement, dans son humanité, mais il n'a pas souffert dans sa divinité. Il est devenu alors le Messie unique, comme Ta prophétisé, par une inspiration de l'Esprit de sagesse ou Esprit-Saint, le sage en question, quand il a dit qu'il a souffert et qu'il n'a pas souffert.

Nason (Nàsoun) le sage a dit aussi: «Le Père a parlé le premier, quand il a envoyé au monde son Fils par sa volonté. Celui-ci est la voix du Père, son Verbe unique. »

Iloun le sage a dit: «Le Fils très grand de Dieu viendra revêtu de la chair et ressemblera sur la terre aux mortels.»

Porphyre (Barfounîs) le sage a dit: «La lumière, l'intelligence substantielle, lorsqu'elle sera sortie et descendue, remontera; c'est une lumière qui resterait inaccessible, si elle ne descendait pas dans le monde.»

Batarnàtis le sage a dit: «Ainsi le Verbe est Dieu, il a tout dans sa main. Quand il fut descendu du ciel et se fut revêtu de la chair, il fît paraître son humanité et manifesta sa grandeur. De plus, il est Dieu, comme il l'avait toujours été avant sa venue.»

Ormuz le sage a dit: «Le Verbe [vient] du Père principe. Quand il naquit étant déjà parfait en lumière, il n'obtint pas un complément dans sa nature. Il est fils et agent clans sa descente [sur terre]; son incarnation d'une vierge [résulte] de l'ombre de l'eau.»

Manès (Mani) le sage a dit: «Lorsque paraîtra et descendra sur la terre le feu qui existe avant les ténèbres, lorsqu'il se montrera dans un corps terrestre, beaucoup de gens ne le comprendront pas. Il s'en retournera ensuite et remontera dans son premier séjour dont la gloire est sublime.»

La sage Sabla a dit: «A la sixième époque, se lèvera un roi puissant qui verra dans le ciel le signe de la croix sur laquelle Dieu, fils de Dieu, doit être suspendu. Dans la région de l'est on verra Dieu dont la mère n'aura pas connu d'homme. Un roi lui tiendra tête qui sera incapable de se sauver lui-même et tuera les jeunes enfants à cause de celui qui sera né dans une ville de Juda.»

Ormuz le sage a dit: «Une étoile, sortie du levant, marchera de l'Orient vers l'Occident, pendant deux ans et demi, puis retournera à son poste: ce sera l'étoile de la bonne nouvelle. Elle marchera devant les sages qui viendront de l'Orient vers le Roi éternel pour l'adorer et lui offrir leurs présents. A cause de lui, les petits enfants seront massacrés, et cela, après cent quatre-vingt-trois révolutions du vieux Saturne (Kaiwân).»

Commentaire de ce passage. ---- Quant à Kaiwân al-'Atîq, c'est la planète de Saturne (Zohal). Elle est appelée 'Atîq, parce que c'est la première des sphères célestes de haut en bas. Elle traverse le ciel dans une révolution qui dure trente ans. Si l'on multiplie trente par cent quatre-vingt-trois on obtient 5490 années; et dans les dix années qui complètent les 5500 ans de l'âge du monde parut Notre-Seigneur le Christ dans la chair, comme l'avaient annoncé les autres prophètes et sages.

Platon a dit dans le Livre des Mystères: «Le Très-Haut paraîtra sur la terre; il ressuscitera les morts et manifestera ses signes divins. Puis il retournera à son trône redoutable et on ne le verra plus jusqu'au jour du grand jugement.»

Aristote a dit clans son livre intitulé Trésor des Trésors: «Le trésor de la vie réside dans le Dieu Adonaï qui paraîtra dans l'univers habité. Ceux qui sont dans les tombeaux entendront sa voix et ressusciteront.»

Telles sont les indications contenues dans les paroles des sages.

CHAPITRE XXII -- Les prédictions des Prophètes concernant la venue DE NOTRE-SEIGNEUR LE CHRIST (a LUI LA GLOIRE!).

Parmi les prédictions des Prophètes concernant le mystère de l'Incarnation extraordinaire et merveilleuse, parmi les paroles des derniers Prophètes ajoutées aux prédictions des anciens sages, il faut noter d'abord cette parole de Moïse, le premier des Prophètes: Dieu vous suscitera un prophète comme moi parmi vos frères: vous lui obéirez.

Pareillement le prophète Isaïe a dit: Voici quela Vierge concevra et enfantera un fîls et elle lui donnera le nom d'Emmanuel, c'est-à-dire Dieu avec nous. Il a dit aussi: O Seigneur, qui a cru à ce qu'il nous entendait dire et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé? Par «le bras du Seigneur...», il veut dire: «La puissance du Seigneur qui est son Verbe unique, à qui a-t-elle apparu incarnée?» Elle s'est révélée par son apparition dans la chair.

Jérémie a dit: Celui-ci est notre Dieu et nous n'en associons pas d'autre avec lui. Il a trouvé toutes les voies de l'aplanissement et les a données à Jacob, son serviteur, et à Israël, son bien-aimé. ---- Commentaire des mots: «les voies de l'aplanissement». Dieu abaisse les superbes et donne sa grâce aux humbles2. La descente de la grâce chasse l'orgueil et aplanit les chemins. Le même prophète a dit: Après cela, il a apparu sur la terre et il a fréquenté les hommes.

Le prophète David a dit: Il est fondé sur les montagnes saintes. Le Seigneur aime les portes de Sion plus que toutes les demeures de Jacob'. Le prophète donne aux mots «les portes de Sion» deux significations: Par les portes de Sion, il désigne d'abord le sein de la Vierge Marie qu'il préfère à toutes les demeures de Jacob-Israël; la Vierge Marie faisait partie des enfants d'Israël et il veut dire qu'il aime les portes de son sein très chaste plus que tous les enfants d'Israël. En second lieu, il aime Sion, parce que c'est dans cette ville que [le Seigneur] a livré son corps très saint, la nuit de son crucifiement et de ses souffrances, et qu'il a racheté Adam et sa postérité.

David a dit aussi dans le psaume 84: La miséricorde et la justice se sont rencontrées. Or la miséricorde et la justice sont deux choses opposées; et si tu veux l'explication de ces mots, sache qu'ils désignent l'union de la divinité avec l'humanité et sa manifestation aux hommes. Car la justice c'est la divinité et la miséricorde c'est l'humanité. Le Seigneur est juste, en effet; il n'y a pas d'injustice en lui et s'il avait jugé selon la rigueur de sa justice, il aurait de toute nécessité infligé à Adam et à sa descendance un châtiment éternel. Mais lorsque, par sa miséricorde, il eut résolu d'avoir pitié d'eux, il revêtit une forme humaine à laquelle il fit souffrir, le vendredi de la sainte crucifixion, pendant trois heures, le châtiment qu'ils avaient mérité pour l'éternité. Ainsi fut accomplie la parole du prophète: «La miséricorde et la justice se sont rencontrées.»

David a dit encore: Ils se sont partagé mes vêtements, ils ont tiré au sort ma tunique'; ils ont percé mes mains et mes pieds; ils ont cloué mon corps et dans ma soif ils m'ont abreuvé de vinaigre. A David il n'est rien arrivé de tout cela; mais l'illumination de l'àme de ce prophète par l'Esprit-Saint lui a fait voir tous les événements futurs avant leur arrivée.

Si nous voulions rapporter une à une les paroles des Prophètes sur ce sujet, l'exposé en serait fort long et l'auditeur en concevrait de l'ennui. Nous n'avons voulu en donner qu'un résumé succinct.

Quand la lumière de Notre-Seigneur, ayant brillé dans les intelligences des Prophètes et des sages, leur eut fait prévoir sa manifestation dans la chair et les eut fait parler de cet événement, il apparut à sa créature, sous une forme humaine, pour prouver l'accomplissement des prophéties qui avaient annoncé sa venue, avant qu'il eût reçu le corps d'un homme par l'Incarnation. Son unique dessein, en se manifestant de la sorte, était d'attester la vérité et de condescendre aux hommes qui, accoutumés au culte des idoles, n'avaient d'inclination que pour les choses sensibles.

Si quelqu'un demandait ce qui l'a poussé à cela et quelle en est l'utilité, voici la réponse: Son dessein était de faire paraître la vérité et de supprimer l'erreur, parce que Dieu est amour et générosité, comme dit l'Ecriture: Dieu est amour. Ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, c'est lui qui nous a aimés; il a créé le monde par générosité et par bonté, non parce qu'il y était contraint; il n'a voulu qu'une chose: se montrer bon envers sa créature et manifester sa longanimité à l'égard du genre humain qui avait péché. Les anges, en effet, créés avant le genre humain, n'ont pas commis le péché pour ensuite y renoncer; mais les hommes pèchent et ensuite renoncent à leur péché. Il guide leur âme et en chasse l'orgueil qui est le principe de la. chute des autres. C'est ainsi qu'il a eu compassion des hommes et qu'il les a soustraits au châtiment par sa miséricorde.

Lorsque le premier péché eut été commis par l'âme qu'il avait créée immortelle et que sa nature en eut été infectée, il lui envoya successivement les sages et les Prophètes pour la guérir et la ramener à son Auteur dont elle est sortie; mais ils furent impuissants.

CHAPITRE XXIII -- Avènement de Nôtre-Seigneur le Christ prophétisé par les sages et par les prophètes.

Dieu vit que [les sages et les Prophètes] n'avaient pas pu accomplir cette œuvre. Et alors parut le médecin véritable pour guérir la nature humaine de la maladie dont elle souffrait. Son dessein était de la rapprocher de lui, mais Satan l'avait éloignée par sa ruse et poussée à la révolte. Lorsque Dieu le Très-Haut eut compris que son éloignement ne venait que des habiles ruses de Satan, l'éloignant de son Créateur et Seigneur qui l'avait formée à son image avec la faculté de faire ce qu'elle voulait, il eut le vif désir de la rapprocher de lui. Dieu savait qu'elle avait été vaincue par la fourberie de Satan, parce que celui-ci, simple et dépourvu de corps, est plus habile qu'elle; le Maître, créateur, puissant et sage, plus sage que Satan, déploya donc contre lui les ressources de son gouvernement et de sa sagesse qui surpassent la sagesse de tout sage et l'intelligence de tout intelligent, jusqu'à ce qu'il l'eut retirée de ses mains et rapprochée de lui comme elle était avant son éloignement. C'est pourquoi, il parut sous une forme humaine pour la sauver; et quand il parut, Dieu et homme tout à la fois, il voulut dans sa sagesse aller par degrés de l'enfance à l'âge mûr et progresser selon le cours ordinaire de la nature: 1° par l'allaitement; 2° par la circoncision; 3° par l'éducation; 4° en se transportant d'un lieu dans un autre et en fuyant l'hostilité de ses ennemis jusqu'à ce qu'il eut atteint l'âge d'homme.

Alors il se mit à manifester son amour divin en rapprochant de lui la nature réduite en esclavage, [en la rapprochant] par ses enseignements divins, par sa sagesse directrice qui montrait sa bienveillance pour la créature humaine et qui faisait son éducation de manière à lui faire acquérir les qualités parfaites qui la rendraient digne de s'approcher de lui. Pour cela, il se mit à accomplir les lois anciennes; il les prescrivit pour faire reconnaître sa vérité par l'entremise de Moïse, le premier des Prophètes; il imita ses vertus et les actions ordonnées par lui que les Israélites avaient coutume de faire; cela, afin d'attirer les sens vers l'intelligence par le chemin de la justice. Notre-Seigneur (qu'il soit glorifié!) voulut donc, en se manifestant, imiter les actions du prophète Moïse pour amener les hommes, habitués à l'esclavage et à la prépondérance des sens, à se laisser conduire par l'intelligence.

C'est à cette fin que Notre-Seigneur le Christ est venu, lui qui a dit: Je ne suis pas venu pour abroger la Loi et les Prophètes; je ne suis pas venu pour abroger, mais pour accomplir. Puisque le Christ s'est proposé de ressembler à Moïse, parce que le peuple de Dieu était accoutumé à ce qui était arrivé [jadis], nous rapporterons ici quelques-unes de ces ressemblances.

CHAPITRE XXIV -- Les miracles du Christ comparés a ceux de Moïse, lorsqu'il sortit de l'Egypte avec les Israélites.

[...]


TABLE DES MATIÈRES

Pages.

Avant-propos. .....................................      3

I.  ---- Sur l'unité de l'essence divine...........................      7

II.  ---- Sur la trinité des attributs éternels.......................      8

III.   ---- De la création des anges, des astres, des étoiles et des quatre éléments. . .      9

IV.  ---- La création d'Adam, notre père........................    11

V.  ---- Expulsion d'Adam du Paradis lors de sa désobéissance............    15

VI.   ---- Mariage d'Adam et d'Eve pour la multiplication de leur postérité; accroissement et bénédiction qu'ils reçoivent du Dieu Très-Haut..........    16

VII.  ---- De la raison qui fit établir le souhait de paix au commencement du monde. ---- Séparation des enfants de Caïn d'avec les enfants d'Abel (Seth). ...    18

VIII.  ---- Noé construit l'arche et il y entre.......................    20

IX.  ---- Venue de notre père Abraham.........................    23

X.  ---- Dieu prescrit à Abraham la circoncision.....................    27

XI.  ---- Immolation d'Isaac et enfantement d'un bélier par un arbre..........    28

XII ---- Dieu donne à Jacob le nom d'Israël......................    31

XIII.  ---- Naissance de Moïse; son éducation; son nom en langue copte.......    32

XIV.  ---- Discours de Dieu à Moïse sur le mont Sinaï.................    34

XV.  ---- De l'agneau, figure de l'Agneau véritable...................    35

XVI.  ---- Du Tabernacle que Dieu montra à Moïse pour qu'il en construisit un semblable....................................    37

XVII.  ---- Offrande des sacrifices dans le Tabernacle..................    39

XVIII.   ---- Les tablettes conservées dans l'Arche d'alliance..............    40

XIX.  ---- De la secte des Sabéens, adorateurs des astres................    42

XX.  ---- Les signes de Dieu mis en opposition avec les signes attribués aux étoiles.    47

XXI.  ---- Des sages établis pour prophétiser sur N.-S. le Christ et de leurs paroles.    49

XXII.  ---- Les prédications des Prophètes concernant la venue de Notre-Seigneur le Christ à lui la gloire!'...........................    53

XXIII.  ---- Avènement de Xotre-Seigneur le Christ prophétisé par les sages et par les Prophètes................................    57

XXIV.  ---- Les miracles du Christ comparés à ceux de Moïse, lorsqu'il sortit de l'Egypte avec les Israélites........................    59

XXV.  ---- De l'apparition des Disciples et de la science que l'Esprit leur communiqua de ses mystères............................    04

XXVI.  ---- Démonstration de la vérité du saint Evangile qui est dans nos mains. . .    0(5

XXVII.  ---- De la construction d'une église; de sa ressemblance avec le Tabernacle.    08 

XXVIII. ---- Des ministres de l'Église selon leurs ordres et leur hiérarchie......    70

XXIX. ---- Du ministère de Xotre-Seigneur le Christ exerçant les fonctions des ordres qui ont été établis à son imitation.................    71

XXX.  ---- Du baptême, de ses devoirs, de sa réglementation.............    7(j

XXXI.  ---- Du parrain et de ses obligations; comment l'enfant, à l'âge de raison, est livré à lui-même par le parrain......................    32

XXXII.   ---- Que l'homme doit imiter Notre-Seigneur le Christ dans le jeûne saint, dans les jeûnes du mercredi et du vendredi, etc..............    S,;

XXXIII.  ---- Qu'il faut imiter Notre-Seigneur le Christ [par la récitation] de la prière: «Notre Père qui êtes aux cieux». Son commentaire.......    9;$

XXXIV.  ---- La Profession de foi orthodoxe et son commentaire...........    113

XXXV.  ---- Des heures de la prière..............:...........    13<i

XXXVI.  ---- Du devoir de l'aumône..........................    137

XXXVII.  ---- Des devoirs de la charité à l'égard de l'étranger et du prochain. . . .    133

XXXVIII.  ---- Du devoir de l'humilité.........................    139

XXXIX.  ---- Qu'il faut s'abstenir de la haine.....................    141

XL. ---- Du devoir de la pureté............................    142

XLI. ---- Du mariage..................................    143

XLII. ---- Interdiction de l'adultère...........................    140

XLIII. ---- Des secondes noces, qui font déchoir du sacerdoce............    147

XLIV. ---- De la nécessité des degrés du sacerdoce..................    143

XLV. ---- De l'agnost (lecteur); signification de son nom...............    150

XLVI. ---- Du sous-diacre; explication de son nom..................    151

XLVII. ---- Du diacre; explication de son nom....................    152

XLVIII. ---- De l'archidiacre, chef des diacres....................    153

XLIX. ---- Du qasîs qui est le prêtre..........................    154

L. ---- De l'ordre de l'igoumène qui est le chef des prêtres..............    155

LI. ---- Du patriarche, du métropolitain et de l'évêque; de la supériorité du patriarche sur ces deux derniers......................    150

LU. ---- Du sacristain. ---- Du pain eucharistique...................    157

LUI. ---- Des quatre espèces d'encens....................,.....    158

LIV. ---- De la consécration d'une église par le patriarche ou par l'évêque et de la raison de cela..............................    150

LV. ---- Des lampes et des œufs d'autruche placés entre elles............    103

LVI. ---- Des images et de ceux qui y sont représentés...............    165

Table des citations de l'Ecriture........................    107

Constructive feedback is welcomed to Roger Pearse. Corrections and additions are very welcome.

This page has been online since 24th November 2007

Return to the Mithras Pages             Return to Roger Pearse's Pages